A de rares exeptions près , on connaît en Europe très mal actuellement l’histoire de l’Afrique car tout repose sur une transmission orale. Cependant , il existe depuis l’époque hellénistique un rôle certain et considérable joué par le nord-est du continent .On connaît des traces écrites ou archéologiques , de l’existence de pouvoirs organisés dans le monde noir antérieures à 900 . Gao est un lieu de rassemblement de l’or avec lequel les maîtres musulmans de Tahert entrent en contact dés 780 . Les fouilles dans la vallée du Sénégal révèlent l’existence de cultures avancées dés le 6° Siècle avant J.C.
De la préhistoire de la Haute-Volta , on ignore quasiment tout :
On retrouve des traces de sépultures accompagnées d’arts rupestres attestant d’une spiritualité naissante. En outre , on trouve en territoire Lobi des murailles dont la construction est attribuée aux phéniciens , voire aux égyptiens .
Au fil des siècles , la sédentarisation fait progressivement apparaître des embryons de systèmes sociaux puis de civilisations . Du 1°au X1° siècle de notre ère , ces peuples , assis sur une tradition orale , des pratiques et une langue spécifiques , développent une culture propre se manifestant notamment dans le rapport à la parentèle , la divinité ou encore la mort.
A l’ouest , on retrouve les Bwa , les Bobos , les Sénoufo, les Dogons. Plus à l’est , les Nyonyoé , les Samo , les Bissa , les Dagari et les Gurunsi .
A partir du X1° siècle débutent d’importantes vagues de migrations et de conquêtes, prémices à la fondation de futures royautés .
La période précoloniale voit évoluer les royaumes les plus durables qu’ait connus le continent africain : les royaumes Mossi .
Si la date de leur création demeure floue ( X° ou X1° siècle ) , tous les historiens s’accordent pour considérer leur pérennité comme un rare exemple de stabilité et d’homogénéité au sud du Sahara . Contrairement aux grands empires voisins aux parcours plus agités ,ces entités , situées dans le bassin de la Volta blanche ont opposé une vive résistance à diverses incursions , en particulier islamiques. Mais alors que des continuités historiques et culturelles existent entre les principautés Mossi, leurs différences et leur autonomie respective furent telles qu’elles n’ont jamais autorisé la naissance d’un grand empire. Cela tient probablement au mode de succession adopté au sein des cours royales , puisque le souverain Mossi ( le MOGHO NABA ) est désigné par un collège de grands dignitaires parmi les fils ( nabiise ) du souverain défunt , d’ou des querelles fratricides permanentes desquelles naîtra par exemple le célèbre royaume du Yatenga .
La genèse de ces royaumes est rapportée par une légende voulant que la princesse YENNEGA , guerrière avisée et fille du roi du Gambaga ( royaume à la frontière du Ghana et d’ou les historiens font partir les ancêtres des Mossi ) , se perd et est sauvé par Rialé qui l’épouse , de cette union est né WEDRAOGO (l’étalon) , premier représentant d’une dynastie qui a formé nombre des entités couvrant une grande partie du Burkina Faso actuel, le premier se situant autour de Tenkodogo dans la Gourma .
                                                                                                                      ( cf : la légende de YENNEGA) .
La conquête de nouveaux espaces s’est réalisée progressivement , d’abord avec les trois fils de Wedraogo , Rawa , Zoungrana et Diaba Lompo .
Le Mossi est alors constitué d’une dizaine de royaumes structurés , tous nés des descendants de Naba Wedraogo et évoluant en forme de grappes au gré des expéditions des différents souverains .
Il existe donc une succession de royaumes créés par des Mossi.
Le royaume le plus emblématique est celui de Ouagadougou situé plus au nord-est dans le Wubri-Tenga fondé par le Naba Wubri , fils de Naba Zoungrana. Lui et ses descendants consolident le royaume en intégrant et soumettant les populations autochtones par étapes successives ou en les chassant .
Plus d’une vingtaine de souverains se sont succédé jusqu’en 1800 .
Le système Mossi pratique une politique complexe d’assimilation des populations annexées ; il maintient au pouvoir les chefs de villages avec certaines de leurs prérogatives, gardant pour lui seul le pouvoir politique, et laissant aux populations le droit de la terre, des récoltes et de tous les rituels qui lui sont associés.
Depuis leur formation jusqu’au XV111° siècle , les royaume Mossi ont su protéger une indépendance que même les razzias et les conquêtes islamiques n’ont pu bousculer .
Ce bouclier explique en partie que la région ait été à peine touchée par les trafics d’esclaves et recèle une forte densité de population comparé à d’autres régions. Il faut attendre la fin du XVIII° siècle et la pénétration européenne pour que, miné de l’intérieur par des querelles dynastiques et des guerres fratricides , il cède à l’avancée des troupes françaises.
Les Mossi ont toujours été assimilationistes, avec une tradition d’intégration et de pluri-ethnisme ( le terme de Mossi veut dire mélange) .
Au début du XIX° siècle , le destin du pays est lié à l’évolution qui se dessine en Europe autour de la question de la traite négrière , et peu après il devient totalement associé à l’intérêt que les grandes puissances européennes portent à ce continent à travers l’idée d’y être présentes , de fonder des colonies et de tirer profit des territoires annexés .
 
LA PENETRATION FRANCAISE

La colonisation est tardive et lente en raison de nombreux obstacles et de l’hostilité des populations locales . Les royaumes Mossi sont redoutablement puissants, ce qui reste très dissuasif pendant longtemps .
En 1896 , les Français profitent des craintes des souverains locaux par une tentative de colonisation anglaise et de l’affaiblissement des royaumes Mossi divisés par des querelles de succession , pour établir un protectorat sur le royaume Mossi de OUGADOUGOU et de là,sur les autres royaumes .
De 1904 à 1919, les royaumes sont inclus dans la colonie du Haut- Sénégal-Niger .
En 1916, de nombreux mouvements de résistance se développèrent contre la conscription . Les Mossi constituèrent l’essentiel des bataillons de « tirailleurs sénégalais » qui combattirent en premières lignes , sur les différents fronts de la Première Guerre Mondiale Ils furent appelés ainsi parce qu’ils embarquaient à Dakar pour le continent européen.
En 1919 , fut crée la colonie de la Haute-Volta.

La logique économique qui conduit à cette création à pour objectif d’atténuer le coût de cette colonie en valorisant le peu de ressources dont elle dispose , et pour stopper le flux continu de travailleurs vers la Gold Coast , pour le réorienter vers la Côte d’Ivoire .
Cela s’est révélé être un vrai gouffre financier .
Forte de sa population dense , mais insuffisamment pourvue en matière première la Haute-Volta devient rapidement un poids , d’ou la décision du colonisateur de la démanteler en 1932.
Le territoire est écartelé et découpé comme des quartiers de viande sur une dépouille .
Cette décision soulève la consternation de l’élite dirigeante voltaïque qui fait corps autour des autour des autorités traditionnelles hostiles à l’éclatement de leur peuple, et au mépris avec lequel il est traité.
Le travail forcé ( qui relevait plus de l’esclavage) ,l’impôt et la répression des soulèvements avaient déjà profondément marqué les consciences qui en furent encore renforcées .
Plusieurs années de protestations permettent enfin que Paris accepte de réexaminer le dossier.
Les Voltaïques sont passablement meurtris par la façon dont Paris les a traités , alors que la guerre qui éclate en Europe entraîne tout l’empire dans son sillage .
En 1939 , la mobilisation massive est imposée aux colonies sans trop de heurts majeurs .
Des dizaines de milliers d’hommes sont réquisitionnés et envoyés sur le front d’une guerre qu’ils ne comprennent pas ; il y a de nombreux Voltaïques , qui sous la dénomination de « tirailleurs sénégalais » luttent avec abnégation en première ligne ou ils constituent ce que l’on nomme de la « chair à canon » .
De plus , de nombreuses personnes sont réquisitionnées par le travail forcé , pour l'amélioration du réseau routier , et l’intensification des productions agricoles .
Après la défaite de 1940 , tout n’est plus sous le régime de Pétain , qu’obligation et coercition..
Dans le même temps , les réquisitions humaines exigées par l’effort de guerre , poussent à puiser encore d’avantage dans les populations voltaïques .
Cependant , l’Afrique se lance dans une politique d’allégeance autour du général de Gaulle ;elle constitue même le point central de la résistance avec la création du Comité français de libération de l’empire CFLN) ,celle du gouvernement provisoire et celle d’un comité de défense de l’Empire en Octobre 1940 à Brazzaville .
Félix Eboué , le souverain Mossi annonce son ralliement de même que le Tchad et la Côte d’Ivoire est soutenu par l’administrateur et l’église catholique avec Mgr Thévenoud .
Accusé de forfaiture , l’administrateur est extra dé vers la France ou il sera condamné aux travaux forcés . Cependant , avant son arrestation il a réussi à transférer tous les bataillons de soldats encore présents vers la Gold Coast pour les tenir à la disposition du général de Gaulle .
L’empereur Mossi , qui voyait en de Gaulle un partisan de la réhabilitation du pays , organise la résistance en faisant une obstruction régulière au régime de Vichy , avant de mourir en 1942 .
Son successeur , le Mogho Naba Saaga II , profite du débarquement des alliés en Afrique du Nord , pour se libérer des pétainistes .
La fin de la guerre rend la métropole redevable de la contribution africaine à sa libération . De Gaulle n’éludera pas cette question et sont enfin approuvés des décrets ,en Février 1946 supprimant l’indigénat , en Avril créant le Fond d’investissement et de développement économique et social ,et en Mai la citoyenneté française est accordée à tous les ressortissants des colonies .
A Ouagadougou , dés 1945 des pétitions sont multipliées , pour que la Haute-Volta soit réunifiée. Les souverains Mossi sont à la tête du mouvement , avec les représentants de l’église et des syndicalistes .
La loi de 1947 officialise le retour du pays dans ses frontières ,avec à sa tête un gouverneur .
Espérée de longue date , cette mesure ne résout pas tous les problèmes . Sur le plan économique , le pays a été saigné à blanc pour la prépondérance de la Cote d’Ivoire . De nombreuses usines ont été démantelées ou transférées à Abidjan . La main d’œuvre est rare.
Le marasme économique est total ; le pays est réunifié , mais dépeuplé ce qui fait qu’aujourd’hui encore il reste un pays les plus pauvres du monde.
 

De la Haute-Volta au Burkina Faso

En 1958, la Haute-Volta devenait une république autonome au sein de la Communauté française, sous la direction de Maurice Yaméogo, chef de l'Union démocratique voltaïque. En 1959, elle adhéra au Conseil de l'Entente, organisation qui regroupait les pays francophones de la région, Côte-d'Ivoire, Niger, Dahomey (actuel Bénin) et Togo. Le pays accéda à l'indépendance le 5août 1960. Yaméogo, demeuré président de la République, instaura un régime de parti unique, appuyé sur l'Union démocratique voltaïque.
En janvier 1966, les mesures d'austérité prises par le gouvernement provoquèrent un soulèvement populaire encadré par les syndicats et les partis progressistes. Le président Yaméogo fut contraint de laisser le pouvoir au chef d'état-major, le colonel Sangoulé Lamizana, qui bénéficiait de la confiance de la population. Celui-ci prit la tête du Conseil supérieur des forces armées et élabora un nouveau plan de remise en ordre de l'économie. En 1970, il promulgua une Constitution instaurant l'élection du président au suffrage universel pour quatre ans et garantissant le multipartisme. Une dizaine de partis politiques participèrent aux élections législatives de 1971. Mais, alors qu'un conflit frontalier opposait la Haute-Volta et le Mali, sur la bande d'Agacher, l'armée reprit le pouvoir en 1974, annonçant le retour au régime de parti unique.
Une première grève générale, en décembre 1975, marqua l'émergence d'une contestation populaire constamment entretenue par les syndicats, jusqu'à la chute du gouvernement militaire en 1977. Une nouvelle Constitution, approuvée par référendum, restaura le multipartisme, limité cependant aux trois principaux partis. En 1978, le général Lamizana était élu président de la République à l'issue d'une élection pluraliste mais marquée par une très forte abstention.
En 1980, le blocage des salaires et l'augmentation du prix des denrées de base (riz, sucre, sorgho, mil) suscitèrent une nouvelle vague de mécontentement, entraînant un coup d'État militaire, qui porta au pouvoir le colonel Saye Zerbo. Bénéficiant d'abord du soutien de la population, il suspendit les institutions et instaura un Comité militaire de redressement pour le progrès national. Deux ans plus tard, alors que la situation économique s'était dégradée davantage, à la faveur d'un mouvement de grève, de jeunes officiers renversèrent Zerbo. Le nouveau gouvernement militaire était dirigé par le capitaine Thomas Sankara, tandis que le médecin-commandant Jean-Baptiste Ouedraogo prenait la présidence du pays.

 
De la révolution à la démocratisation

En août 1983, l'arrestation du Premier ministre déclencha l'intervention des parachutistes et ouvrit une période d'exaltation révolutionnaire qui allait marquer le pays. Nommé président du Conseil national de la révolution (CNR), après l'éviction de Ouedraogo, Sankara, que les pays occidentaux accusaient d'être un allié du colonel Kadhafi, le dirigeant libyen, mit en place des comités de défense de la révolution et s'engagea dans une politique économique nationaliste et progressiste. Des campagnes furent lancées contre la mendicité et la prostitution, pour le sport de masse et le port du «!Faso Dan Fani», le costume national érigé en uniforme. Le 3 août 1984, jour du premier anniversaire du coup d'État, le pays fut officiellement rebaptisé Burkina Faso. La révolution de Sankara modifia finalement peu la vie des populations rurales, majoritaires, mais Sankara est en grande partie demeuré, dans l'esprit des Burkinabés, une figure héroïque, représentant un idéal d'émancipation nationale et de progrès.
En octobre 1987, Thomas Sankara fut évincé puis exécuté lors d'un putsch qui porta à la direction du pays le numéro deux du régime, le capitaine Blaise Compaoré. Celui-ci lança sans tarder une «campagne de rectification», visant notamment à réajuster la politique économique du pays.
La poursuite de la crise économique, la pression de la rue et des syndicats comme des organisations financières internationales ont contribué à imposer la démocratisation engagée en 1991. Cette année-là fut signé un premier plan d'ajustement structurel avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international et adoptée par référendum une Constitution démocratique. La transition démocratique fut marquée dans sa première année par le boycott de l'élection présidentielle par l'opposition, dont certains membres furent la cible d'attentats. Après l'échec d'un Forum de réconciliation nationale, en février 1992, la vie politique est demeurée dominée par le parti du président Compaoré. Celui-ci joue désormais un rôle diplomatique important dans la région. C'est sous son égide qu'ont été menées, de septembre 1994 à avril 1995, les négociations entre le gouvernement du Niger et les mouvements touareg rebelles de ce pays. Le président burkinabé, qui avait soutenu le mouvement armé libérien de Charles Taylor, est également intervenu dans les discussions concernant le conflit du Liberia.